La série “Quatre vins” est une série rédigée par Dominique Auroy, à l’occasion de ses 80 ans. La série a pour but d’offrir une rétrospective simplifiée de la vie et du parcours de l’entrepreneur de 1943 à 2023. Découvrir son premier vin ou son troisième vin.

MON DEUXIEME VIN : 1963 à 1979

Mes 20 premières années s’étaient passées et je suis rentré dans la 2ème phase de ma vie, mon 2ème vin.

Mes premières expériences

Mon 1er poste m’a conduit en Normandie pendant la période de congés de l’entreprise, pour des travaux de maintenance dans une usine de fabrication de caoutchoucs.

Le chef de chantier tomba malade dans les 1ers jours, j’ai dû le remplacer au pied levé. Le chantier s’étant très bien terminé, j’ai eu droit aux félicitations de la direction avec une promotion significative.

 Mon 2nd poste m’amena en déplacement sur le site d’essai nucléaire d’HAMOUDIA à côté de REGGANE au milieu du SAHARA où avaient eu lieu les 1ers tirs d’essais Français.

Le site était géré par une compagnie de la légion étrangère. Notre mission, avec 3 collaborateurs civils sous mes ordres, (que je considérais comme vieux à l’époque – ils avaient entre 35 et 40 ans) était d’assurer le démontage des installations électriques en vue de leur transfert sur MORUROA dans le Pacifique.

Les légionnaires étaient également chargés de nous porter assistance sur les travaux de démontage et d’emballage.

Par curiosité, je me suis promené à pied sur le site du premier tir, où le sol était noir et vitrifié.
Personne n’était réellement conscient à l’époque des dangers de la radioactivité.

Ce fut une nouvelle expérience humaine très enrichissante.

“Être CHEF et commander des personnes plus âgées et expérimentées que soi-même, ce n’est pas toujours facile. Il convient d’être exemplaire.”

Les problèmes se réglaient au comptoir du “MESS” où la compétence nécessitait de supporter l’alcool. Le test des 12 coups de midi était une 1ère étape à franchir. Boire 12 pastis d’affilée au rythme de l’horloge………… heureusement j’avais déjà l’entraînement et la compétence…

Ce chantier a duré 4 mois.

Pour mon 3^ème poste, j’ai été affecté comme adjoint technique pour la production et la distribution de l’énergie électrique gérée par la CEGELEC au centre de lancement des 1ères fusées françaises sur le site d’HAMMAGUIR à côté de COLOMB-BECHARD, toujours en Algérie.

J’y suis resté 2 ans et ma femme a pu me rejoindre.

J’ai assisté au lancement des premiers satellites français.

Le site a ensuite été transféré en GUYANE. 

Départ pour la Polynésie

Il m’a été proposé de venir travailler en Polynésie pour la construction des centrales d’énergie électrique des sites de TAHITI et HAO. Jeune marié, partir aussi loin, ne m’enchantait pas.

Avant mon départ, j’ai pris 3 mois sabbatiques pour faire le tour de la méditerranée en voiture avec mon épouse et un ami. Mes plus beaux souvenirs sont la traversée de la LIBYE, surtout l’EGYPTE, le site de Baalbek au LIBAN ainsi que ISTANBUL et VENISE.

Arrivée à Tahiti

Je suis arrivé à Tahiti le 15 décembre 1965 à l’âge de 22 ans avec un contrat de 3 mois.

Passionné par mon travail et lui donnant la priorité, je suis rentré en France un an plus tard pour notamment divorcer. 

Les centrales de production d’énergie de ARUE et de HAO étant terminées, j’ai proposé à ma direction parisienne de créer une agence de CEGELEC en Polynésie.

Malgré mon jeune âge, mes supérieurs m’ont fait confiance et cette agence a été créée en 1967. 

Les 1ers clients étaient l’armée, puis la BRASSERIE DE TAHITI, située à Papeete à l’époque, etc……

Notre champ d’activité était très diversifié, allant des courants faibles aux courants forts, des centrales de production et de distribution d’énergie, des réseaux de distribution d’eau, de climatisation, jusqu’aux activités de chaudronnerie et de réparation navale.

J’ai permis également à de nombreux cadres que j’employais, de développer leurs compétences en créant leur propre entreprise. Je citerais notamment Christian Perez, Philippe Baudet, etc…

Tahiti ou la Nouvelle-Calédonie, un choix décisif

La même année, la direction parisienne me demanda de créer une agence CEGELEC en Nouvelle-Calédonie. Pendant 6 mois, je passais une semaine à Tahiti et une semaine à Nouméa.

Avec la ligne de changement de date, je quittais la Calédonie le samedi et j’arrivais le lundi. Je n’avais plus de week-ends et malgré mon dynamisme, ce n’était plus gérable.

L’agence étant créée, ma direction m’a alors proposé de choisir entre ces 2 Pays, celui que je souhaitais.

La Calédonie représentait un potentiel de développement économique important. La Polynésie représentait un potentiel de qualité de vie remarquable.

Je n’ai pas hésité et j’ai préféré rester en Polynésie même si le potentiel de développement d’activités à termes, était plus réduit. L’ambiance et les amitiés que je m’étais déjà faites, étaient pour moi les plus importantes.

Papa pour la première fois

Réalisations en Polynésie

Pendant cette période, mes activités à la CEGELEC m’ont amené à réaliser des travaux significatifs, notamment :

À développer l’électrification de la Polynésie en concurrence avec le groupe MARTIN, concessionnaire de la distribution de la zone urbaine de TAHITI à l’époque.

Electrification

Je suis à l’origine de l’électrification de la presqu’île de Tahiti à travers un syndicat intercommunal créé à cet effet, le SECOSUD. Ainsi que les îles de RAIATEA, TAHAA, HUAHINE, RURUTU, les îles MARQUISES. Les 1ères études et aménagements hydroélectriques que j’ai menés, ont porté sur la rivière VAVI à VAIRAO, commune de TAIARAPU OUEST et les 1ères réalisations aux îles MARQUISES.

Eau Royale

Parallèlement, je me suis impliqué de plus en plus dans le tissu industriel polynésien avec notamment la création de l’EAU ROYALE avec quelques amis.

La première eau mise en bouteille en Polynésie a ainsi été produite sur le domaine de la famille Pomare à Arue, au lieu-dit Le Bain du Roi.

Parallèlement, nous avons créé LE CAIRAP, un laboratoire d’analyse avec pour objectif d’effectuer toutes les analyses bactériologiques souhaitables tant pour le contrôle de l’Eau Royale que pour l’ensemble des besoins de la Polynésie. Ce laboratoire est toujours la référence pour ce domaine d’activité.

SIPCT

Nous avons créé dans les années 80, une société spécialisée dans la fabrication de cosmétiques à base de monoï. L’objectif était d’avoir une gamme complète de soins de visage, de soins solaires et de soins corporels à base de monoï.

Une usine équipée des dernières technologies a été aménagée à cet effet.

Une analyse du marché nous avait permis de se rendre compte que les produits disponibles étaient soit de premiers prix, soit de grandes marques.

Nous pensions qu’un créneau intermédiaire existait. Malheureusement, pour ce type de produits, soit les gens ont peu de moyens et choisissent les produits de premiers prix, soit ils ont plus de moyens et se tournent vers les grandes marques. Nous avions du modifier les objectifs de cette usine.

Perliculture

En 1973, je me suis intéressé à la perle qui en était à ses balbutiements.

Dans un raisonnement industriel, j’ai préféré le développement de la pêche. Ce fut une erreur.

Pêche

Nous avons créé avec WARREN ELLACOTT et quelques amis, une société dénommée la SCEP (Société de commercialisation et d’exploitation du poisson).

Nous avions une base à Fare Ute, ainsi que plusieurs bateaux de pêche ou de transport.

Un centre frigorifique avait d’ailleurs été installé à Papeete, Huahine et à Apataki.

Nous étions en partenariat avec des Japonais. Nous avons développé :

•  la pêche à l’appât vivant en haute mer
• l’installation d’un grand filet disposé en bordure extérieure du récif de l’île d’Apataki.

À l’époque, nous étions seuls à nous battre, aucune aide ne nous était apportée. L’économie était axée essentiellement sur le CEP.

Pour la pêche à l’appât vivant, nous ne pouvions en avoir suffisamment. Les habitants des îles considérant que tous les poissons leur appartenaient, ils nous empêchaient de les pêcher.

Et pour le grand filet, malheureusement, le site avait été mal choisi par les Japonais qui n’avaient pas pris en compte les courants sous-marins.  

L’expérience aurait pu être positive, mais nous n’avions plus les ressources pour réinstaller le grand filet sur un autre site.

La société a été reprise par le Pays en 1977 et elle a ensuite été arrêtée deux ans plus tard.

Mandats sociaux

Au niveau social, j’ai été :

• président de l’union patronale PF
• administrateur de la CPS
• accesseur au tribunal du travail
• membre du syndicat des industriels

Poursuite de ma carrière

En 1979, mon plan de carrière au niveau de la CEGELEC me conduisait à quitter mes fonctions.

Il me fut proposé un poste en Métropole ou d’être muté à la CGE (maison mère de la CEGELEC à l’époque) pour continuer à m’occuper du Pacifique.

Ma connaissance dans le vin

Je commençais à découvrir le vin mais comme beaucoup, je considérais que c’était le prix qui représentait la qualité.